Le chanvre a-t-il de l’avenir dans les bâtiments en Auvergne-Rhône-Alpes ?

Face aux enjeux de sobriété et d’efficience dans l’utilisation des ressources, les matériaux bio et géo-sourcés ont d’indéniables atouts à faire valoir dans le monde du bâtiment. La DREAL a souhaité mettre en avant les résultats d’une étude sur les perspectives du chanvre dans le bâtiment en région Auvergne-Rhône-Alpes. Le webinaire « Le chanvre a-t-il de l’avenir dans les bâtiments en Auvergne-Rhône-Alpes ? » qu’elle a organisé le 6 décembre 2022, a permis de partager avec près d’une centaine d’acteurs présents, les résultats de l’étude, d’échanger sur les leviers de développement de la filière en région, et de présenter un retour d’expériences.

Les matériaux bio et géo-sourcés fabriqués à partir de ressources telles que le bois, la paille de céréales, le chanvre, le lin, le roseau, l’osier, le papier recyclé, le textile recyclé et la terre crue, sont pour la plupart faiblement transformés et ont un impact carbone faible voire positif. La loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, la mise en place de la RE2020 ou encore le contexte de sobriété énergétique et les politiques publiques en faveur de la rénovation énergétique (France rénov’, décret tertiaire) participent à créer un terreau favorable à la croissance des biosourcés.

À l’échelle régionale, la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes souhaite participer au développement de l’ensemble des filières bio et géo-sourcés. Elle a missionné le bureau d’étude Karibati, qui en 2022 a réalisé un état des lieux de la filière chanvre dans le bâtiment en région. Retrouvez l’intégralité du webinaire ci-dessous :

https://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr

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Les temps forts du webinaire

L’étude régionale sur la filière chanvre en Auvergne-Rhône-Alpes (Vidéo de 7’52 à 32’54)- Yves Hustache (KARIBATI)

À retenir : une dynamique importante de la filière chanvre en Auvergne-Rhône-Alpes avec des surfaces cultivées qui augmenteront de manière importante dans les années à venir via notamment le projet de chanvrière Pépites de la maison Cholat à Morestel mais aussi potentiellement dans de plus petites chanvrières dans une logique de circuit court. Cette dynamique va nécessiter de définir une offre produit bien construite à destination des acteurs du bâtiment. Les pouvoirs publics et plus globalement les maîtres d’ouvrage peuvent, de leur côté, faciliter l’accès au marché des produits chanvre via des dispositifs incitant à la mise en place de matériaux bio et géo-sourcés dans la commande publique.

Chiffres clefs : Dans la région, des surfaces cultivées qui pourraient passer de 250 ha en 2022 à près de 2000 ha en 2025.

Retour d’expériences : Extension du groupe scolaire Saint-Exupéry à Villeurbanne (Vidéo de 38’40 à 1’10’00) - David Roux (ville de Villeurbanne) Marine Favennec et Martin Rollin, (architectes, atelier Commune), Frédéric Leroy (entreprise Chanvre et Bois)

À retenir : L’atelier d’architecture Commune a proposé l’utilisation d’une structure bois avec remplissage en béton de chanvre (et soubassement en béton) pour le projet d’extension du groupe scolaire Saint-Exupéry souhaité par la ville Villeurbanne. L’entreprise Chanvre et Bois a proposé une mise en œuvre de panneaux préfabriqués en atelier avec des conditions de travail facilitées. Une technique qui permet de travailler en site contraint et occupé dans des délais très courts (un an études comprises). Au final, un retour d’usage qui reste à faire mais des premiers signes encourageant sur les premiers mois d’occupation (à la fois en matière de confort estival et de confort d’hiver). Concernant les coûts, ils restent adaptés à un projet d’extension mais nécessitent un engagement important de la maîtrise d’œuvre et de l’entreprise qui doit être pris en compte dans les coûts d’ingénierie.


Table ronde : Les perspectives du chanvre dans le bâtiment (Vidéo de 1’12’28 à 2’00’01)- Laurent Marmonier (CAPEB 38), Caroline Girard (Ordre Régional des Architectes) Julien Brisebourg (Bouygues Immobilier), Nathalie Fichaux (Interchanvre), François Cholat (Maison François Cholat)

À retenir :

  • Les bétons de chanvre et les mortiers végétaux en général sont particulièrement adaptés à la rénovation du bâti ancien qui nécessite une réflexion poussée, au-delà des caractéristiques de conductivité thermique des parois (prise en compte des notions de confort hygrothermique et d’ouverture à la vapeur d’eau). Ces spécificités pourraient être mieux prises en compte dans les systèmes d’aide à la rénovation (Certificat d’Économie d’Énergie notamment).
  • Il existe un fort besoin d’acculturation des maîtres d’ouvrage et de formation des professionnels du bâtiment (maîtrises d’œuvre, entreprises, bureaux de contrôle) pour permettre un développement des projets aux bio et géo-sourcés.
  • On note une dynamique importante de la filière en Auvergne Rhône-Alpes avec le projet PEPITES de la Maison Cholat qui offre des perspectives de développement important et des productions de chènevottes et de fibres adaptées à plusieurs marchés (construction mais aussi textile notamment).
  • Le travail avec les agriculteurs est essentiel pour mettre en avant les spécificités de cette culture et faire que la chènevotte et la fibre issues de la plante puissent être couramment utilisées dans le bâtiment en complémentarité avec la logique de production alimentaire (valorisation de la graine, rotation de culture) et dans une optique rémunératrice. Interchanvre est très mobilisé sur ce sujet et associe les agriculteurs dans leur gouvernance. Dans le cadre de son projet PEPITES, la Maison Cholat prend également particulièrement en compte cet aspect d’accompagnement des agriculteurs (gouvernance, accompagnement technique).
  • Les règles professionnelles portées par Construire en Chanvre apportent un cadre essentiel au développement du chanvre dans le bâtiment avec des perspectives d’évolution et d’élargissement de son champ d’action début 2023 (refonte des règles et extension à l’ensemble des ERP et à des bâtiments de plusieurs étages notamment).
  • La structuration régionale de la filière est importante. Construire en Chanvre souhaite mettre en place une délégation régionale pour faciliter la réalisation de projets concrets et innovants. Un rapprochement avec le PACTE Bois Biosourcé lancé par Fibois AURA pourrait être une piste intéressante pour le développement des biosourcés en général.

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