Panorama des biens inscrits au patrimoine mondial en Auvergne-Rhône-Alpes

Les décisions d’inscription des biens sur la liste du patrimoine mondial sont assorties de recommandations qui s’appuient sur les conclusions des rapports des experts.
Depuis 2012, ces recommandations s’inscrivent dans un contexte de renforcement conséquent des exigences pour l’inscription sur la liste du patrimoine mondial.
Ces exigences vont du « point de vigilance » à une véritable « prescription » qui s’accompagne d’un calendrier de suivi et de rendu-compte au comité du patrimoine mondial.
Aucun bien inscrit à l’UNESCO en Auvergne-Rhône-Alpes n’a fait l’objet d’un classement en situation préoccupante même si plusieurs d’entre eux font l’objet d’attentes spécifiques auxquelles il est impératif de répondre.

1 - Les Chemins de St-Jacques de Compostelle (Puy-de-Dôme et Haute-Loire)

Bien inscrit en 1998 sur des critères culturels UNESCO II, IV et VI, bien transnational et en série : France, Espagne, Portugal.

Il présente une dimension de « bien immatériel » (pèlerinage chrétien majeur) mais qui s’appuie sur une série de 70 monuments historiques au titre de « bien culturel ». Pas de section d’itinéraire identifié et reconnu en Auvergne-Rhône-Alpes mais trois monuments historiques font partie de cette liste :

  • église Notre Dame du Port à Clermont -Ferrand, (Puy-de-Dôme)
  • Hôtel Dieu du Puy-en-Velay (Haute-Loire)
  • cathédrale du Puy-en-Velay (Haute-Loire)

Le coordonnateur du bien pour l’État français est le préfet de Nouvelle Aquitaine assisté des services de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) nouvelle Aquitaine qui elle même s’appuie sur les DRAC et les Unités départementale de l’architecture et du patrimoine concernées.

2 - Le site historique de Lyon (Rhône)

Bien inscrit en 1998 dans la catégorie des biens culturels sur les critères II et IV.

Le périmètre couvre 427 ha (+ 323 ha en zone tampon) de la ville ancienne de Lyon entre les pentes de la Croix rousse, la place Bellecour, la colline de Fourvière et les quartiers St-Paul et St-Jean.
La métropole de Lyon et la ville de Lyon, au titre de leurs compétences en matière d’urbanisme, d’architecture et de gestion urbaine sont les principales gestionnaires du bien.

3 - Les sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes (Savoie et Haute-Savoie)

Bien inscrit en 2011 qui regroupe sur 111 sites en Europe les traces archéologiques des villages sur pilotis datant de -5 000 à -500 av JC.

9 sites (sur les 11 sites français) sont situés en Auvergne-Rhône-Alpes (lac du Bourget, lac Léman, lac d’Annecy) ; ils occupent une surface limitée de 13 ha au total.
Il s’agit d’un bien en série qui concerne 6 pays : l’Allemagne, l’Autriche, la France, l’Italie, la Suisse et la Slovénie.
Ce bien transnational inscrit au titre des critères IV et V a comme pilote l’État fédéral Suisse qui assure les relations avec les instances de l’UNESCO et coordonne les politiques spécifiques de chacun des États.
Un comité international scientifique et de gestion se réunit une fois par an pour partager les connaissances et faire le point sur les problématiques de gestion.

Explorez les Palafittes autour des Alpes en visitant le site www.palafittes.org

4 - Grotte ornée du Pont d’Arc (Ardèche)

Bien inscrit en 2014 sur les critères I et III au titre des biens culturels.

Le bien lui-même est constitué par la grotte proprement dite (9 ha) mais comporte une zone tampon très étendue de 1360 ha.
Au vu de son extrême fragilité, la grotte est fermée au public.
Le plan de gestion UNESCO intègre les logiques du Grand Site de France Pont d’Arc - grotte Chauvet dont l’action emblématique a été la réalisation d’un espace de reconstitution qui a ouvert en 2015. Celui-ci a mobilisé des financements conséquents de l’État et des collectivités locales au premier rang duquel il faut citer le Conseil départemental d’Ardèche et le Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes.

5 - L’œuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au mouvement moderne (Loire et Rhône)

Bien en série, transnational, inscrit en 2016 qui implique 7 pays : France, Suisse, Japon, Belgique, Espagne, Inde et Brésil.Ce bien a été inscrit au titre des critères I, II, VI.

Sur les 10 édifices inscrits en France, 2 sont situés en Auvergne-Rhône-Alpes :

  • le couvent de la Tourette (18 ha, Rhône)
  • la maison de la culture de Firminy (2 ha, Loire)

Au niveau français un comité de coordination de gestion des biens a été créé, il s’appuie sur la fondation Le Corbusier et l’apport de spécialistes et d’experts.

Pour la plupart ces biens sont insérés dans un tissu urbain et sont donc soumis à pression qui mettent parfois en péril leur qualité.
A noter : à Marseille, à proximité de la cité radieuse Le Corbusier, un projet de construction de trois tours menace l’intégrité du bien. Les experts de l’UNESCO ont rédigé en 2019 un rapport critique sur ce projet et sont en attente de réponses de l’État français et la métropole Aix-Marseille. Si le projet venait à se réaliser, une proposition de désinscription de la totalité des biens Le Corbusier des 7 pays pourrait être proposée au comité du patrimoine mondial dès 2020.

Source de la photo : https://sitelecorbusier.com/

6 - Le Haut lieu tectonique Chaîne des Puys - Faille de Limagne (Puy-de-Dôme)

Bien inscrit en 2018 sur le critère VIII (géologie – exemple des grandes étapes de l’histoire de la terre), premier bien inscrit au titre des « biens naturels » en France continentale.

Ce bien présente une superficie conséquente de 26 000 ha (+ 14 000 ha en zone tampon) soit 97 % de la superficie de la totalité des biens UNESCO en Auvergne-Rhône-Alpes.
Cette candidature aura nécessité 10 ans d’efforts et 3 tentatives auprès du comité du patrimoine mondial pour aboutir.
Porté par le Conseil départemental du Puy-de-Dôme et son président, ce dossier doit répondre aux exigences les plus récentes de l’UNESCO en matière de plan de gestion, de gouvernance locale et d’implication de l’ensemble des parties : collectivités locales, État, entreprises, monde scientifique, propriétaires privés.
L’État a accompagné ce dossier au plus haut niveau avec une implication forte du président de la République (présent au sommet du Puy-de-Dôme en janvier 2018) et qui a mobilisé les services diplomatiques sur ce dossier.

Plusieurs enjeux demeurent et ont fait l’objet de recommandations de la part de l’UNESCO :

  • en matière de gouvernance locale, le Conseil départemental doit davantage travailler avec ses partenaires locaux (acteurs et propriétaires privés) et favoriser l’implication des établissements publics de coopération intercommunale.
  • la fermeture des carrières d’exploitation de pouzzolane situées au cœur du bien doit être conduite par les services de l’État dans le cadre de démarches partagée avec les industriels. La démarche est engagée et suivi par la DREAL depuis l’été 2018.
  • Il est attendu la mise en œuvre d’une mesure de protection réglementaire sur une partie du bien.

La DREAL conduit des réflexions préalables autour de la procédure « site classé » : venue de l’inspection générale en septembre 2019 pour des éléments d’opportunité (périmètre …).

Comme la totalité des biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial, le Haut lieu tectonique chaîne des Puys - Faille de Limagne doit faire l’objet d’une évaluation par les instances internationales. Pour ce bien, un premier rapport technique est attendu fin 2020 et un rapport gouvernemental sur l’état de conservation du bien fin 2022.

Un exemple de patrimoine immatériel : « le repas gastronomique des français ».

« Le repas gastronomique des français » a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial immatériel en 2010 au titre de bien « culturel ».

Lyon, au titre de sa qualité de capitale de la gastronomie, a candidaté et décroché un projet de cité internationale de la gastronomie pour offrir un lieu de prestige à ce patrimoine.
La métropole de Lyon a choisi le Grand Hôtel-Dieu pour construire un lieu d’exposition, de scénographies et de services haut de gamme en hôtellerie et restauration.

La Cité internationale de la gastronomie a ouvert ses portes au public le 19 octobre 2019.

Géré dans le cadre d’une délégation de service public, ce projet a bénéficié d’un investissement de 15 millions d’euros réparti ainsi : 10 millions de fonds privés, 3 millions pour la Métropole, 2 millions pour la ville de Lyon et 1 million pour l’État.



Pour toute information complémentaire, visitez le site internet du Centre du patrimoine mondial : whc.unesco.org/fr

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