2018 - Liste rouge des papillons diurnes (Rhône-Alpes)

Territoire Rhônalpin : près d’un quart des papillons diurnes sont menacés de disparition

Parution de la liste rouge des papillons de jour


Pourquoi une liste rouge ?

Une liste rouge des espèces menacées constitue un état des lieux visant à dresser un bilan objectif du degré de menace pesant sur les espèces à l’échelle d’un territoire donné.
L’édition d’une liste rouge se base sur la hiérarchisation des espèces selon différents niveaux de probabilité de disparition. Elle permet d’identifier, pour les espèces les mieux connues, le risque d’extinction, à l’aide d’un protocole rigoureux et adapté, élaboré par l’ Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). De nombreuses listes rouges existent sur la flore et la faune consultables sur le site de l’UICN. À ce jour, notre pays figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées (source : inventaire national du patrimoine naturel - INPN).

Depuis près de 70 ans, l’UICN propose conseils et stratégies sur la biodiversité au plan international ; la méthodologie « liste rouge » est l’une de ces stratégies. C’est un outil optimal lorsqu’il porte sur des espèces pour lesquelles on a suffisamment de renseignements (la taille de la population de l’espèce, son taux de déclin, la superficie de son aire de répartition géographique ou son degré de fragmentation). Pour les espèces les plus méconnues, ces listes rouges ne peuvent qu’encourager les spécialistes à faire de nouvelles études.

La liste rouge des Rhopalocères et zygènes (papillons de jour) indigènes du territoire rhônalpin a été initiée en 2017 par la Direction Régionale Environnement Aménagement Logement Auvergne-Rhône-Alpes et réalisée par Flavia, Association pour les Papillons et leur Etude (Flavia APE) en collaboration avec de nombreux spécialistes, naturalistes et structures environnementales. Elle a évalué le risque de disparition de 266 espèces, 2 sous-espèces et 2 écotypes.

Écotype : dans notre cas, ce terme est employé pour définir une variante écologique propre à une ou plusieurs populations qui divergent de celles de l’espèce type (régime alimentaire et/ou milieux différents). Cette distinction est importante dans une optique de conservation puisque la typologie de gestion sera différente entre les écotypes.


Quels risques sur le territoire ?

Le territoire de l’ancienne région Rhône-Alpes est le plus diversifié de France métropolitaine puisqu’il héberge près de 88 % des espèces de papillons de jour présents en France. Pourtant, 10.6 % des espèces de Rhopalocères et de Zygènes sont menacées et si on y ajoute celles quasi menacées cela représente 1/4 des papillons étudiés. Il semble qu’aucune espèce n’a encore totalement disparu, mais de nombreuses incertitudes pèsent sur le devenir de plus de 50 espèces.

Mélibée - en danger critique | Yann Baillet
Parmi ces espèces, nombre d’entre elles sont en déclin sur le territoire rhônalpin, comme sur l’ensemble du territoire métropolitaine : c’est le cas du Mélibée (Coenonympha hero) considéré comme en danger critique d’extinction en France et vulnérable en Europe. En Rhône-Alpes il ne reste plus qu’une seule population.

Il faut enfin souligner que plus de 10 % des espèces n’ont pu être classées par manque d’informations actuelles.


La menace pèse aussi sur les hommes

L’érosion de la biodiversité ne touche pas que les forêts amazoniennes et les espèces exotiques. Elle se vérifie également dans nos régions et se produit sous nos yeux, touchant des espèces de notre quotidien. On estime que, selon les milieux, elle est 100 à 1 000 fois plus rapide que lors des grandes extinctions précédentes.

Cette érosion de notre biodiversité locale modifie les équilibres naturels et engendre des changements parfois imperceptibles, mais qui ont ou auront un impact sur nos ressources et notre qualité de la vie. Les services rendus au quotidien par la biodiversité sont de moins en moins efficients, comme la pollinisation, ou la dégradation des déchets organiques. On estime que 35 % du tonnage alimentaire pour l’Homme dépend de la pollinisation. En 2010, le service de pollinisation à lui seul représentait plus de 265 millions d’euros pour l’économie de la région Rhône-Alpes.

La compensation n’est pas toujours possible. Quand elle est mise en place, elle demande des efforts humains, énergétiques et financiers extrêmement importants.


Comment agir ?

De nombreuses études nationales et internationales ont démontré la pertinence des papillons pour évaluer la qualité de nombreux milieux ; or, le constat de cette liste rouge montre bien leur déclin actuel même en montagne, territoire que l’on considère souvent à tort comme préservé. Pollution, insecticides, extension exponentielle des infrastructures humaines, fragmentation des habitats naturels, dégradation et destruction des milieux notamment ceux humides, intensification ou changements des pratiques agropastorales et sylvicoles, évolution climatique, etc. sont autant de facteurs impactant la diversité des papillons. Ce besoin d’avoir toujours plus, qu’il soit spatial et de surconsommation, laisse de moins en moins de place à notre environnement naturel, alors que la biodiversité est le plus grand atout de l’Homme pour affronter l’avenir.


>>> Téléchargez le dossier de présentation de la liste rouge des papillons diurnes

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