Les polluants et leurs effets

Quels sont les polluants retrouvés sur l’ancien site industriel et autour de celui-ci ?

Les principaux polluants trouvés sur l’ancien site industriel et dans ses environs sont :

  • des Composés Organo-Halogénés Volatils (COHV), notamment le trichloroéthylène (TCE) et le perchloroéthylène (PCE) ;
  • des hydrocarbures, dont le principal composé nocif est le benzène ;

Les COHV sont les composés les plus représentatifs de la pollution du site. Ils ont été utilisés pour l’activité industriel d’ennoblissement textile et de blanchisserie. Ils sont retrouvés en grande quantité dans les milieux diagnostiqués, notamment dans les sols et les deux nappes d’eaux souterraines. Leur présence dans les nappes entraîne une migration de la pollution en dehors du site, en suivant le sens d’écoulement de la nappe. Le caractère volatil des COHV entraîne une diffusion de la nappe dans l’air des sols, à partir duquel il peut, dans certaines circonstances, contaminer l’air des habitations.


Trichlorothylène et effets sur la santé

Quels sont les effets potentiels du trichloroéthylène (TCE) sur la santé ?

On distingue deux types d’effets :

1 - Les effets non cancérogènes
Ils concernent certains organes cibles, en particulier le système nerveux central et les reins. Ils n’apparaissent qu’au delà d’un seuil de dose relativement élevé. Les valeurs guides dans l’air intérieur intermédiaires sont destinées à prévenir ce type d’effets, poru des expositions de 14 jours à 1 an.

2 - Effets cancérogènes

L’Union européenne classe le TCE dans la catégorie (1B) des substances devant être assimilées à des substances cancérogènes pour l’homme

Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une agence de l’OMS, considérant l’association positive entre le TCE et les cancers rénaux, estime qu’il y a assez de preuves pour classer le TCE dans le groupe 1 des agents cancérogènes certains pour l’homme. Outre les cancers du rein, les autres cancers à l’origine desquels le TCE pourrait être impliqué sont les cancers du foie et voies biliaires et certains lymphomes.

Quelles sont les normes de qualité de l’air en vigueur sur le trichloroéthylène ?

Plusieurs organismes experts se sont intéressés à la toxicité du TCE pour l’homme et ont publié des rapports sur ce sujet. Deux d’entre eux sont français :

  • L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Environnement, de l’Alimentation et du Travail (ANSES) est l’agence d’expertise française en santé environnementale ; elle a publié 2 rapports sur le trichloréthylène (2009 et 2018).
  • Le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) d’autre part, placé sous la tutelle du ministère de la santé, il a pour mission d’aider les décideurs politiques à prendre des décisions en santé publique. Il a publié un rapport sur la fixation de valeurs limites pour le TCE dans l’air en 2012 puis 2020.

Dans son avis de novembre 2019, l’ANSES retient les valeurs guides dans l’air intérieur (VGAI) suivantes :

  • Une VGAI intermédiaire, pour une exposition pour une exposition de 14 jours à une année, de 3,2 mg/m3
  • Deux VGAI long terme, pour une exposition vie entière, de 1 et 10 µg/m3 pour pour protéger des effets cancérogènes, basées sur des niveaux de risque caractérisés respectivement par une probabilité supplémentaire de survenue de 1 pour 1 000 000 et 1 pour 100 000.

Le HCSP, dans son avis du 9 juillet 2020, recommande le respect des valeurs suivants dans tous les bâtiments :

  • une valeur repère dans l’air intérieur (VRAI), de 10 μg/m3, égale à la VGAI, pour prévenir des effets liés à une exposition au trichloroéthylène. Le délai maximum recommandé pour la mise en œuvre des actions correctives est de 5 ans à partir de la première constatation du dépassement de la VRAI.
  • une valeur d’action rapide (VAR) de 50 µg/m3. Le délai maximum recommandé pour la mise en œuvre des actions correctives est de 3 ans à partir de la première constatation du dépassement de la VAR.
    Pour des concentrations en TCE plus élevée, les délais tolérables sont plus limités pour ne pas dépasser un seuil d’exposition cumulée.

Pour plus d’informations : fiche Trichloroéthylène sur le site www.cancer-environnement.fr

Perchloroéthylène et effets sur la santé

Qu’est ce que le perchloréthylène ?

Le perchloréthylène ou tétrachloroéthylène (ou PCE) est un solvant. Ce composé organique halogéné volatil (COHV) est surtout utilisé pour le nettoyage à sec de tissus et pour dégraisser des métaux. Il s’évapore facilement dans l’air et a une odeur âcre.
Le seuil de perception olfactive est de 7 mg/m3.
Il est lipophile (attiré par les graisses) et dissout les substances telles que graisses, huiles ou résines.
Durant l’activité d’une teinturerie, le PCE provient essentiellement des machines, à l’ouverture du tambour, lors du détachage manuel et en cas d’une mauvaise étanchéité des machines. Hors activité, les émanations proviennent du stockage des vêtements nettoyés au PCE et des eaux résiduelles de lavage.

Quelles sont les normes de qualité de l’air en vigueur quant à l’utilisation du perchloréthylène ? ?

En France, la valeur-guide de qualité de l’air intérieur (VGAI) recommandée par l’agence française de sécurité sanitaire de l’environnement, du travail et de l’alimentation (ANSES) dans son avis de 2010 est :

  • 1 380 µg/m3 (microgramme par mètre cube), soit 1,38 milligramme par mètre cube pour les expositions de courte durée (1 à 14 jours) ;
  • 250 µg/m3 (0,25 mg/m3) pour les expositions de longue durée (période supérieure à 1 an).
    Le Haut conseil de la santé publique a préconisé dans un rapport de juin 2010, dans une optique de gestion, une valeur repère de 250 µg/m3 et une valeur d’action rapide fixée à 5 fois la valeur repère, soit 1250 µg/m3.

Quels sont les risques liés à l’exposition au perchloréthylène ?

Le PCE est une substance volatile qui peut pénétrer dans l’organisme par inhalation des vapeurs, par ingestion ou par contact avec la peau (quand il est sous forme liquide).
Ce composé est classé cancérogène probable pour l’homme par le Centre international de recherche contre le cancer (Groupe 2A) et cancérogène possible (catégorie 3) par l’Union européenne.
L’exposition au PCE peut causer une irritation des voies respiratoires et des yeux, des vertiges, nausées, maux de tête et pertes de mémoire, une somnolence. Selon les niveaux et les fréquences des expositions, il peut être toxique pour le système nerveux et le rein et lors d’une exposition très intense, ses effets peuvent aller jusqu’à la perte de connaissance et la mort.

A quels niveaux ont été identifiés les premiers effets (études épidémiologiques) pour une exposition chronique et quels sont les risques en fonction de la durée d’exposition ?

Les premiers effets observés sont des troubles de l’humeur et du comportement et des troubles visuels bénins (altération réversible de la vision des couleurs). Elles ont été observés pour des expositions prolongées (>10 ans) et à des concentrations très supérieures à celles observées dans des locaux voisins de pressings (15 à 56 000 µg/m3). Les effets hépatiques sont observés à environ 24 000 µg/m3.
Ces valeurs, d’un ordre de grandeur de plusieurs dizaines de milliers de microgrammes, sont à comparer à celles des normes précisées plus haut.
Après une exposition de courte durée (de quelques jours à quelques semaines), des effets neurologiques comme des modifications comportementales, des troubles visuels et de la coordination motrice ainsi que des effets hépatiques peuvent apparaître. Des irritations de la peau et du nez sont également possibles.
Suite à une exposition intermédiaire ou long terme (supérieure à un an), des effets rénaux, hépatiques et neurologiques ont été rapportés :

  • les effets neurologiques sont principalement des troubles mentaux (associant détérioration intellectuelle, troubles de l’humeur et du comportement…) et des troubles visuels bénins (altérations réversibles de la vision des couleurs et de la vision des contrastes). Ils ont été observés après des expositions prolongées (généralement, pendant plus de 10 ans) à des concentrations très supérieures à celles observées habituellement dans les locaux au voisinage de pressings ;
  • des effets hépatiques bénins (élévation de l’activité des enzymes hépatiques, stéatose) sont imputables à l’exposition répétée à de fortes concentrations de PCE ;
  • des effets rénaux bénins ont été observés en cas d’exposition prolongée à de fortes doses en milieu professionnel.

Pour plus d’informations : Article Perchloréthylène du site sante.gouv.fr



Benzène et effets sur la santé

Qu’est ce que le benzène ?

Le benzène est un hydrocarbure liquide, incolore, très volatil. C’est un intermédiaire de synthèse important et un excellent solvant des graisses. Il est obtenu par distillation de la houille et du pétrole. Il appartient à la famille des solvants aromatiques. Le benzène est fréquemment associé aux pollutions par les hydrocarbures.

Quelles sont les normes de qualité de l’air en vigueur quant à l’utilisation du benzène ?

En 2008, l’Afsset (aujourd’hui Anses) préconisait des valeurs guides de qualité de l’air intérieur relatives au benzène pour ses effets hématologiques cancérogènes : 2 µg/m3 ou 0,2 µg/m3 selon l’excès de risque considéré, pour une durée d’exposition « vie entière » (AFSSET, 2008). A noter que l’OMS a publié en fin d’année 2010 des valeurs guides de qualité de l’air intérieur pour 9 substances dont le benzène. Les valeurs recommandées pour les effets cancérogènes étaient analogues à celles proposées par l’Afsset (WHO, 2010).

En juin 2010, le HCSP a préconisé des valeurs repères d’aide à la gestion de santé publique (HCSP, 2010). Elles indiquent des seuils de concentration à partir desquels des actions de protection de la santé doivent être mises en place. Les actions envisagées viseraient à réduire les sources de combustion et de tabagisme dans l’habitat, à ventiler et, pour les émissions extérieures locales, à bien positionner le bâtiment et ses entrées d’air (constructions nouvelles et rénovées). Le HCSP fixe ainsi 3 valeurs pour les expositions chroniques à long terme :
• la valeur cible de 2 µg/m3 représente l’objectif à atteindre en 5 ans dans tous les espaces clos habités ou accueillant du public ;
• la valeur repère de 5 µg/m3 en-dessous de laquelle on ne préconise aujourd’hui aucune action corrective, et qui décroitra de 1 µg/m3 par an jusqu’à la valeur cible à atteindre en 2015 ;
• la valeur d’action rapide de 10 µg/m3 au-delà de laquelle des mesures doivent ramener les teneurs en dessous de la valeur repère, dans un délai de quelques semaines.

Valeurs réglementaires pour l’air ambiant
La directive 2008/50/CE du 21 mai 2008 concernant la qualité de l’air et un air pur en Europe fixe une valeur limite en moyenne annuelle pour le benzène de 2 µg/ m3 en moyenne annuelle, qui a été reprise dans la réglementation française depuis le 1er janvier 2016.


Quels sont les risques liés à l’exposition au benzène ?

L’inhalation est la voie principale d’exposition au benzène : on estime que 90% de l’exposition en résulte. La voie cutanée est une source secondaire d’exposition qui concerne surtout le milieu professionnel (HCSP, 2010).
La cible du benzène est le système hématopoïétique : moelle osseuse, tissu lymphoïde, production de globules rouges, de globules blancs, de plaquettes…. L’exposition au benzène peut entraîner des effets aigus et chroniques (c’est-à-dire qui persistent dans le temps), cancérogènes ou non. L’atteinte de la moelle osseuse constitue le premier signe d’une toxicité chronique susceptible d’évoluer vers une leucémie.
Les propriétés cancérogènes du benzène sont connues depuis longtemps. Le CIRC le classe parmi les cancérogènes avérés pour l’homme (groupe 1) sur la base de leucémies observées dans des études épidémiologiques et animales (CIRC, 1982).


A quels niveaux ont été identifiés les premiers effets (études épidémiologiques) pour une exposition chronique et quels sont les risques en fonction de la durée d’exposition ?

Concernant les expositions aiguës, les observations hématologiques et neurologiques ont été rapportées chez l’homme pour des expositions respectivement de l’ordre de 200 mg/m3 et d’environ 160 à 300 mg/m3. Les autres effets décrits lors d’expositions aiguës, tels que des symptômes neurologiques plus accentués voire la mort, surviennent pour des expositions de 3 à 30 fois supérieures (plus de 1 000 à plus de 10 000 mg/m3).
Concernant les expositions chroniques, les données disponibles sont quasi-exclusivement issues d’études en population professionnelle. Ces nombreuses études épidémiologiques ont mis en évidence que le benzène pouvait provoquer des effets hématologiques (leucopénie, anémie…) pour des expositions chroniques de l’ordre de 3 mg/m3. Par ailleurs, les études ont mis en évidence une augmentation statistiquement significative de leucémies dans les populations exposées de manière chronique au benzène à des concentrations inférieures à 30 mg/m3. Ainsi, les effets critiques liés à des expositions chroniques au benzène sont des effets hématologiques cancérogènes ou non. Des effets immunologiques ont été rapportés pour des teneurs identiques à celles déclenchant des effets hématologiques.
Là encore, ces valeurs, en milligrammes voire en milliers de milligrammes, sont à comparer avec la norme sanitaire, qui se compte en microgrammes.

Pour en savoir plus : Benzène et effets sur la santé • Cancer Environnement (cancer-environnement.fr)

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