Le Vautour moine en bref

Description

Avec une envergure comprise entre 2.5 et 2.95 m pour un poids moyen de 8 kg, le Vautour moine (Aegypius monachus) est l’un des plus grands rapaces d’Europe. Son plumage est uniformément brun chez les adultes ; les jeunes de l’année sont presque noirs et s’éclaircissent avec l’âge. Les ailes sont tenues à plat et les extrémités sont tombantes en vol plané, la queue est légèrement cunéiforme.
Son cou emplumé et bordé d’une large collerette de plumes érectiles, la tonsure claire de la tête et la cire violacée de son bec très fort sont caractéristiques de l’espèce.


Vautour moine - Portrait | Crédits : C.Tessier (Vautours en Baronnies)


Répartition, lieux de vie

Le Vautour moine est un rapace arboricole. De part sa structure favorable et sa grande disponibilité, l’essence la plus souvent choisie pour installer son aire est le Pin sylvestre (plus rarement sur Pin noir ou Pin d’Alep). Le cycle de reproduction est long. La ponte est déposée entre début février et mi-avril. L’incubation dure environ 55 jours et le poussin va rester environ quatre mois au nid. Les envols sont observés de début août à fin septembre. Pour la recherche de nourriture, ce vautour prospecte de vastes étendues ouvertes à semi boisées.

A l’instar de tous les vautours européens, le Vautour moine est un nécrophage strict. Son bec puissant lui permet de consommer les parties coriaces d’un cadavre comme les tendons, le cartilage (il mange systématiquement les oreilles des ongulés), la peau, etc.
Son régime alimentaire est composé de cadavres d’ovins, caprins mais on retrouve souvent dans les aires des restes de chamois, chevreuil, petits carnivores (renard, blaireau, fouine…) lièvre et parfois marmotte.


Vautour moine s'alimentant | Crédits : C.Tessier (Vautours en Baronnies)

Le Vautour moine occupait sans doute jusqu’au XIXème ou début du XXème siècle, la plupart des milieux favorables entre le Maghreb et la Mongolie. Aujourd’hui, sa population mondiale est estimée entre 7 800 et 10 500 couples, dont 5 500 à 8 000 couples en Asie et 2 300 à 2 500 couples en Europe (en grande majorité sur la péninsule ibérique).
En France il semble avoir disparu entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle (un adulte tué dans les Causses en 1906). Pour la Drôme, la dernière donnée semble être un individu tué près de Nyons vers 1840.

Sa réintroduction dans les Grands Causses (1992), les Baronnies (2004) et le Verdon (2005) a permis la formation de trois noyaux où l’espèce se reproduit avec un total d’environ 60 couples aujourd’hui (2022) dans des régions de moyennes montagnes sous influence méditerranéenne et montagnarde.

De 2004 à 2018, 49 Vautours moines ont été réintroduits dans les Baronnies. La première reproduction réussie a eu lieu en 2010 avec deux jeunes à l’envol. Aujourd’hui le domaine vital de la colonie des Baronnies (qui compte une quinzaine de couples) est estimé à 23 000 km² (superficie estimée à partir des données GPS). Il s’agit du seul noyau de reproduction pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette situation positive est toutefois fragile au regard des menaces pesant sur l’espèce et plus généralement sur les rapaces.


Menaces et statuts

Plusieurs individus sont morts électrocutés malgré des actions de neutralisation du réseau électrique menées en collaboration avec ENEDIS. Des empoisonnements réapparaissent également mais les impacts sont difficiles à quantifier. Le développement de parcs éoliens pourrait lui aussi avoir un impact non négligeable pour cette espèce. Enfin la présence de plomb sur les cadavres de spécimens de gibiers consommés par les vautours semble avoir une influence sur les capacités physiques de ces oiseaux.

L’espèce bénéficie de différents statuts dont :

  • une protection au niveau national par arrêté du 29 octobre 2009 ;
  • une inscription à l’annexe I de la Directive "Oiseaux" n°79/409/CEE du conseil du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages ;
  • une classification « En danger » sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de France métropolitaine de l’UICN en 2016.



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