Le Vautour fauve en bref

Description

Avec une envergure comprise entre 2,40 m et 2,70 m pour un poids moyen de 8 kg, le Vautour fauve (Gyps fulvus) est une espèce d’oiseaux nécrophage de la famille des Accipitridae. C’est l’espèce de vautour la plus représentée en France. Son plumage évolue du roux brunâtre chez l’immature vers le beige grisâtre chez le vieil adulte. Ses rémiges (grandes plumes rigides de l’aile) et ses rectrices (plumes de la queue) sont marron foncé, quel que soit l’âge de l’oiseau. Il présente une queue courte en éventail qui lui donne une silhouette particulière en vol.
Comme autre caractéristique typique, il possède un long cou recouvert d’un duvet blanc très fin, qui est parfaitement adapté à son mode d’alimentation. La base du cou du Vautour fauve est entourée d’une collerette généralement blanche chez l’adulte et brune chez le juvénile. Enfin, le bec de ce rapace est crochu et épais. Il s’avère être un outil indispensable au dépeçage des charognes dont il se nourrit.

Vautour fauve | C. Guerber (LPO AuRA)

Habitat

Le Vautour fauve est un rapace rupestre qui favorise les falaises inaccessibles pour installer son aire. Ayant besoin de courants d’air ascendants, ces grands planeurs s’installent en effet dans des escarpements rocheux, de préférence dans la zone basse des montagnes, au voisinage des larges vallées, des hauts-plateaux et des plaines. Les parois des rochers doivent présenter des corniches, des failles ou des cavités offrant quiétude, sécurité à l’égard des prédateurs terrestres, ainsi que des accès dégagés pour les décollages et atterrissages.
On notera que le Vautour fauve niche généralement en colonies et que celles-ci peuvent atteindre jusqu’à une centaine de couples.


Reproduction

Le cycle de reproduction de ce charognard est long. L’âge de la première reproduction survient entre l’âge de 3 et 5 ans. Le Vautour fauve produit chaque année un œuf unique, qui est déposé généralement durant le mois de janvier au sein de l’aire. Cette dernière résulte d’un amas sommaire de branchages, de plumes et parfois de laine.
L’incubation dure environ 55 jours. Le poussin est nourri par régurgitation durant 120 jours. Après l’envol, qui a lieu entre juin et août, le jeune charognard est encore nourri par ses parents durant 1 à 2 mois. Les jeunes entament ensuite une période de dispersion qui peut les conduire jusqu’en Afrique.


Régime alimentaire

Le Vautour fauve est un rapace nécrophage spécialisé dans la consommation de cadavres de mammifères de taille moyenne à grande. Il est considéré comme un équarrisseur naturel car il débarrasse la nature de cadavres qui pourraient être à l’origine de pollutions bactériologiques, et limite ainsi les contaminations (en particulier des nappes phréatiques par l’intermédiaire des eaux de ruissellements).
Ce charognard affectionne les carcasses d’ongulés sauvage : chamois, bouquetins, mouflons, chevreuils ; mais aussi d’ongulés domestiques. Pour la recherche de nourriture, ce vautour grégaire prospecte de vastes étendues ouvertes en utilisant une stratégie de prospection collective.
Ce fonctionnement lui permet de détecter efficacement les animaux morts sur un vaste territoire en un minimum de temps.
Comme chaque vautour, il possède un régime alimentaire spécialisé sur une partie du cadavre. Ainsi, en hexagone, le Vautour fauve va être la première espèce de vautour à intervenir sur une carcasse. Il présente en outre des adaptations métaboliques qui lui permettent de faire face à des fluctuations dans la disponibilité des ressources alimentaires comme le jeûne prolongé sur plusieurs semaines.
Au sein de la guilde des oiseaux nécrophages, il est le principal acteur de l’équarrissage naturel des cadavres. On notera que les Vautours fauves interviennent toujours en nombre sur les carcasses, Le moment de la curée pouvant réunir plus d’une centaine d’individus.

Curée de Vautour fauve | M. Vérité (LPO Aura)


Aire de répartition et dynamique de population

Le Vautour fauve est une espèce dont la répartition mondiale s’étend de l’Eurasie à l’Afrique. En Europe, l’espèce est surtout présente sur le pourtour méditerranéen, sur les Balkans et dans l’ensemble de la Turquie et du Caucase. Des populations très réduites se maintiennent en Croatie, Bosnie, Serbie, Macédoine, Albanie, Bulgarie, en Israël, Grèce et Italie. Autrefois très répandu en Europe, sa répartition est aujourd’hui morcelée, notamment au niveau des Balkans.
En France, du fait de la persécution des oiseaux et de la mutation des pratiques d’élevage, il a presque complètement disparu du territoire entre 1920 et 1950.
Sa réintroduction (Grands Causses, Gorges de la Vis, Baronnies, Diois et Verdon) a permis de reconstituer différents noyaux de populations à travers le sud de l’hexagone.
Aujourd’hui, il est réparti sur les quatre noyaux de population suivants : Les Pyrénées françaises, les Grands Causses, la Drôme (Diois et Baronnies) et le Verdon.

Sur la majorité des colonies suivies à l’échelle française, les effectifs sont en hausse ces dernières années. Le nombre de couples de Vautour fauve est estimé en 2022 à plus de 150 000 oiseaux dans le monde, dont 35 000 couples installés en Espagne. En France, toujours en 2022, ce sont environ 3 000 couples reproducteurs qui ont été recensés.


Menaces et statuts

L’empoisonnement, les collisions et électrocutions ainsi que le dérangement sont les principales menaces qui pèsent sur l’espèce à l’heure actuelle. La destruction directe des individus reste aujourd’hui anecdotique bien qu’autrefois prédominante. Les cas d’empoisonnement volontaire ou involontaire restent cependant fréquents pour ce nécrophage.
Il subit notamment les effets de divers molécules vétérinaires comme le Diclofénac ou de produits phytosanitaires comme le Carbofuran, bien que certains de ces produits soient interdits sur le sol Français. La présence de plomb sur les cadavres de spécimens de gibiers consommés par les vautours semble également avoir une influence négative sur les capacités physiques des oiseaux. Le développement des parcs éoliens (risque de collision) et celui du réseau aérien de transport d’électricité (risque d’électrocution) a aussi des répercussions négatives sur les populations de Vautour fauve. À titre d’exemple, 90% de la mortalité de Vautour fauve d’origine anthropique constatée dans les grands causses concerne des cas d’électrocution et de collisions. Enfin, le survol des sites de nidification par les parapentes les deltaplanes, les aéronefs, et le développement des voies d’escalades, ainsi que la chasse photographique, occasionnent des dérangements pouvant nuire au succès de reproduction de ce grand rapace.

L’espèce bénéficie de différents statuts dont :
• une protection au niveau national par arrêté du 29 octobre 2009 ;
• une inscription à l’annexe I de la Directive "Oiseaux" n°79/409/CEE du conseil du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages.






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