Bilan construction 2020 : La construction en difficulté, seul l’emploi résiste

Perrine Billard (Cellule économique régionale de la construction Auvergne-Rhône-Alpes), Christophe Rafraf (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement Auvergne-Rhône-Alpes)

La construction de logements est en très fort repli en 2020. Concernant la promotion immobilière, le recul des ventes est massif. La construction de locaux est aussi orientée à la baisse. L’entretien-rénovation du Bâtiment voit son niveau d’activité reculer et les carnets de commandes des travaux publics se réduire. L’emploi salarié de la construction progresse néanmoins, mais l’intérim fléchit fortement. Enfin, dans le secteur, la création d’entreprises hors microentrepreneurs baisse.

La construction de logements neufs se replie

Les mises en chantiers de logements, au cours de l’année 2020, enregistrent un fort recul (– 3,9 %) par rapport à l’année 2019. En 2020, 49 300 logements ont été commencés dans la région. La situation est moins mauvaise qu’en France, où les mises en chantier baissent de plus de 8 % en 2020. Dans la région les autorisations à la construction décrochent (– 13,6 %), pour atteindre un cumul de 55 200 logements sur l’année, soit une évolution similaire à celle constatée en France (– 13,9 %). À titre de comparaison, durant la crise de 2008, les autorisations de logements avaient connu un recul de près de 24 % sur un an dans la région.

En Auvergne-Rhône-Alpes, 14 240 maisons et appartements neufs sont réservés au cours de la dernière année, soit un recul de 23 % par rapport à 2019. Dans l’ensemble de l’Hexagone, le repli est de plus de 24 %. Cette diminution du marché des logements neufs est principalement due aux conséquences de la crise sanitaire. En particulier, les réservations du deuxième trimestre 2020 sont inférieures de 39 % à celles de la même période en 2019. En 2008, dans une situation de crise également, les volumes de vente avaient reculé de 35 % par rapport à l’année précédente.

Le nombre de prêts à taux zéro (PTZ) dans le neuf, pour financer l’achat ou la construction d’une résidence principale, baisse de 23,5 % entre 2019 et 2020. Ils concernent 6 800 ménages.

En 2020, le nombre de logements sociaux, dont le financement est agréé par les pouvoirs publics, baisse de 24 % pour atteindre 10 970 logements. Parmi eux, ce sont les agréments de logements PLUS (Prêt locatif à usage social) qui connaissent la plus forte érosion (– 30 %), passant de 5 990 en 2019 à 4 180 en 2020.

La construction de locaux décroche

Les autorisations de locaux non résidentiels reculent très fortement. La surface totale des mises en chantier enregistrées au cours de l’année baisse de 17,6 % pour s’établir à 4,1 millions de m² (données provisoires). Ce recul concerne tous les types de locaux, mais il est particulièrement marqué pour l’hébergement hôtelier (– 48,5 %), les bureaux (– 27,6 %) et le commerce (– 26,8 %).

L’entretien-rénovation est en berne

Selon la CERC (Cellule économique régionale de la construction), le chiffre d’affaires du secteur de l’entretien-rénovation recule de 7 % par rapport à 2019. L’activité est portée traditionnellement par le logement qui baisse de 6,5 %, tandis que l’entretien-rénovation des locaux non résidentiels recule de 8,2 %.

Dans le parc privé, les aides accordées par l’Agence nationale de l’habitat (Anah) aux propriétaires occupants, bailleurs ou syndicats de copropriété, baissent de 17 % par rapport à l’année précédente. Elles s’élèvent à 87 millions d’euros et concernent 12 350 logements.

L’aide publique MaPrimeRénov’ peut être attribuée au propriétaire occupant pour financer des travaux et/ou des dépenses de rénovation énergétique dans sa résidence principale. En 2020, année de mise en place du dispositif, elle a concerné 15 400 logements, pour un montant des travaux engagés de 192,9 millions d’euros et un montant de primes de 73,9 millions d’euros.

Destinés à financer des travaux de rénovation énergétique des logements, les éco-PTZ (éco-prêt) augmentent de 14,7 % en 2020 et concernent plus de 5 000 ménages, hausse à relier aux allègements apportés à ce dispositif (notamment la suppression de la condition de bouquets de travaux et l’extension de l’éligibilité à tous les logements achevés depuis plus de deux ans).

À l’inverse, les PTZ dans l’ancien avec travaux reculent fortement (– 39 %) et ne concernent plus que 1 645 ménages.

Baisse des commandes dans les travaux publics, tassement pour les matériaux

Les carnets de commandes des travaux publics se sont légèrement dégarnis en 2020 et atteignent en moyenne 5 mois de travail garanti, soit un recul de 0,4 mois par rapport à l’année précédente.

En 2020, la production de béton prêt à l’emploi baisse de plus de 7 % en un an. De janvier à novembre 2020, la production de granulats recule de 9,9 % par rapport à la même période de 2019.

Le secteur de la construction a cependant continué d’embaucher et regroupe 188 000 salariés fin 2020, en hausse de 2,1 % par rapport à l’année précédente. En revanche, le nombre moyen d’intérimaires sur trois mois à fin décembre 2020 décroche (– 11,5 %) et correspond à 18 000 équivalents temps plein.

À la fin du 4e trimestre 2020, le nombre de demandeurs d’emploi dans la construction est en très forte hausse (9,7 % sur un an), une évolution plus marquée qu’au niveau national (3,4 %).

La création d’entreprises recule. Au cours de l’année 2020, si on exclut les micro-entrepreneurs, 4 300 entreprises ont été créées dans le secteur, soit une baisse de 3,9 % sur un an.

Cet article, qui fait l’objet d’une actualisation annuelle réalisée par la DREAL, avec la contribution de la CERCARA, a été réalisé pour le "Bilan économique" de l’INSEE. Cette publication consultable en intégralité sur le site de l’INSEE rassemble les contributions des services de l’Etat en Auvergne-Rhône-Alpes ainsi que de différents partenaires et retrace les faits marquants de l’année écoulée.

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