Découvrez en vidéo les espèces de papillons menacées

Le Cuivré des Marais

Le Cuivré des marais est un papillon diurne caractéristique des prairies humides. Les adultes y butinent les plantes à fleurs, notamment sur les talus aux bords des routes, le long des ruisseaux et des fossés où se développent leurs plantes hôtes que sont les Rumex (oseilles sauvages). En effet, plusieurs espèces de Rumex peuvent convenir pour le nourrissage des chenilles. Ce sont spécifiquement ces plantes que les femelles de Cuivré recherchent pour déposer leurs œufs. Cette recherche de plantes-hôtes et / ou partenaire pour la reproduction fait que des individus peuvent être observées en dehors de leurs milieux de reproduction et isolés.

Le papillon est bi-voltin voire tri-voltin dans le Sud de la France, c’est-à-dire qu’au cours d’une année on observe 2 ou 3 générations de Cuivré des marais entre le mois d’avril et le mois octobre. Cette espèce est inscrite à la Directive européenne « habitats » (DHFF) et est protégée au niveau national. Les menaces qui pèsent sur l’espèce sont liées à l’assèchement des habitats qui se répercute directement les populations de Cuivré des marais : les différents stades de l’espèce ne trouveront plus leurs plantes nectarifères ou hôtes qui nécessitent une humidité permanente pour se développer. Ensuite, les populations sont menacées par la surexploitation des milieux et l’uniformisation des paysages.

Du point de vue de la gestion et de l’exploitation agricole des prairies humides, un pâturage intensif ou des fauches trop régulières modifient le milieu en diminuant la diversité floristique. Dans certaines régions, la fermeture du milieu par abandon de l’agriculture traditionnelle ou plantation de peupliers diminue le nombre et la surface de parcelles favorables au Cuivré des marais. Puisque l’espèce est recensée en milieux agricoles, il existe de nombreux enjeux à étudier avec les agriculteurs et collectivités territoriales.

C’est le cas en Île-de-France, où le Cuivré des marais semblait déjà avoir disparu… Or en 2015, des passionnés ont retrouvé l’espèce dans la Vallée du Petit Morin lors d’une prospection naturaliste. Une observation qui a entraîné de nombreuses actions en faveur de l’espèce et plus généralement de la biodiversité. Des recherches plus poussées ont été menées dans le département de la Seine-et-Marne (77) pour trouver des individus, chenilles ou œufs dans les habitats favorables. Les élus de la zone Natura 2000 ont été sensibilisés et gèrent désormais leurs espaces communaux selon les préconisations des entomologistes pour garantir la sauvegarde du Cuivré des marais. Les élus s’unissent également pour sensibiliser les agriculteurs de la vallée à la présence de l’espèce grâce à la chargée de mission Natura 2000. Un projet de création de Parc naturel régional est cours de montage, le directeur du projet souligne l’importance de la prise en compte du Cuivré des marais et du point de vue de tous les acteurs pour développer le futur Parc naturel régional (PNR) de Brie et Deux Morins.

Le Fadet des Laiches

Le Fadet des laîches est un papillon des landes humides telles que les abritent les vastes zones de marais et de tourbières… Il est nécessaire d’y trouver un fort recouvrement de Molinie(plante vivace ornementale) pour que l’espèce s’y développe de façon florissante. Le Massif landais représente le bastion européen de l’espèce : c’est un cas particulier puisque les populations y sont recensées au sein des plantations de Pins maritimes. Menacée par l’assèchement des milieux et une gestion sylvicole intensive, l’espèce ne pourra se maintenir durablement que si les parcelles forestières présentent différents stades de maturité. Une mosaïque de paysages et différentes classes d’âges de pinède permettront aux individus de toujours trouver des faciès d’habitats favorables aux différents stades de leur cycle de vie. Des études génétiques ont été réalisées dans les Landes et en Isère pour connaître les capacités de déplacement de l’espèce et mesurer l’isolement de ses populations. L’espèce est considérée « en danger » en Europe et « quasi-menacée » en France, notre pays a donc une grande responsabilité vis-à-vis des efforts à fournir pour la préserver.

En Nouvelle-Aquitaine et dans le cadre du Plan Natioanl d’Actions (PNA) « Papillons de jour », le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) intervient sur des parcelles ouvertes dont il a la maîtrise foncière ou de gestion. Le but est de restaurer ou de gérer les milieux pour qu’ils demeurent favorables à la biodiversité des landes humides et des tourbières. Le CEN Nouvelle-Aquitaine concentre son action sur le maintien de différents stades forestiers et veille à ce qu’à chaque cycle de sylviculture, une surface maximale de parcelles soit toujours ouverte et donc non directement replantée après exploitation. Les agents vérifient également la gestion des pistes forestières, clairières et bords d’étangs qui constituent d’excellents « corridors de déplacements » du Fadet des laîches entre chacune des parcelles favorables à son développement. Toute cette démarche conservatoire a pu être concrétisée dans le cadre d’un programme régional sur les papillons menacés des zones humides comprenant conjointement des études de déplacement des individus et des études génétiques.

L’Apollon

L’Apollon est principalement présent dans les zones de montagne. Le réchauffement climatique est sa plus grande menace.
Pour vivre, les chenilles se protègent du gel grâce à la neige. Adulte, le papillon pourrait voler alors même que la floraison de ses plantes nourricières n’est pas survenue. L’Apollon devra alors chercher d’autres sources de nourriture en altitude. Mais en montant, les habitats se raréfient.

Des chercheurs analysent son environnement et projettent à 2050 les habitats où il serait encore possible de le voir. La ligne des massifs deviendrait son principal habitat, un espace restreint et fragile.

A consulter également : Une vidéo (janv. 2024) de l’étude génétique réalisée par le laboratoire d’écologie alpine de Grenoble

L’azuré du serpolet

Même si on le trouve sur la quasi totalité du territoire, l’Azuré du Serpolet et sa belle robe bleue font partie des espèces menacées. S’il obtient cette qualification, c’est que son environnement, quant à lui, est fragile. Ainsi, si les conditions propices à son développement ne sont plus réunies, il pourrait très vite disparaître.
L’Azuré du Serpolet, lorsqu’il est encore chenille, a la particularité de s’infiltrer dans le nid de fourmis pour s’en nourrir.
Découvrez l’Azuré du Serpolet.

Le Semi-apollon

Le Semi-apollon est une espèce de papillon que l’on retrouve dans les zones de moyenne montagne, au cœur des prairies.
Menacé par l’enfermement de leur milieu et la remontée des zones forestières, des aides de la PAC permettent aux agriculteurs de continuer à entretenir ces prairies pour la survie de l’espèce.

Le Damier de la Succise

Nous vous emmenons dans le Doubs, dans la vallée de la Loue et du Lison.
Vous aurez la chance d’apercevoir ce papillon au cœur de prairies humides. Les femelles de Damier de la Succise pondent 50 à 100 œufs sur des feuilles de Succise. Une fois les œufs éclos, les chenilles vont former un nid communautaire et vont rester abritées dans la végétation pendant toute la période hivernale. Lorsque les beaux jours reviennent, les chenilles vont quitter le nid pour grossir et se transformer ensuite en chrysalide puis en imago.
Cette vidéo est aussi l’occasion de parler des mesures agricoles mises en place pour préserver l’état des prairies et favoriser ainsi la reproduction de notre protégé.

La Bacchante

Vous aurez la chance d’apercevoir ce papillon dans des forêts claires de feuillus. La Bacchante est actuellement menacée sur le territoire national par la réduction et la dégradation de ces habitats. Il s’agit d’une espèce sensible à la gestion sylvicole qui ne peut survivre que dans certaines conditions. Les boisements denses, plantés de résineux ou encore présentant des tapis de ronces ne conviennent pas à ses exigences écologiques.
Les femelles de Bacchante pondent leurs œufs sur des graminées bien spécifiques comme la Carex Montana par exemple. Une fois les œufs éclos, les chenilles se nourrissent de ces poacées et se développent au sein de la végétation dans les secteurs réchauffés et semi-ombragés du sous-bois. L’été venu, la reproduction des adultes nécessite de larges allées ouvertes et des clairières.

L’Hespérie de la ballote

Parmi toutes les espèces de papillons de la famille des Hespériidae, l’Hespérie de la ballote est une espèce très difficile à identifier. En France, elle est présente autour de la méditerranée et sa limite d’aire de répartition est en Drôme, où nous avons pu la filmer. On retrouve ses petites populations en milieux « steppiques » où l’ouverture du milieu peut être entretenue par un pâturage ovin extensif. En effet, les moutons ne consommant pas le Marrube blanc (plante-hôte du papillon), celle-ci sera donc disponible pour ses chenilles. Elles s’abritent dans les feuilles de Marrube la journée et sortent la nuit se nourrir. Pour bien détecter l’espèce, les entomologistes conseillent de chercher ses gîtes larvaires. Sur la Liste rouge nationale, l’espèce a été évaluée « vulnérable », elle est donc menacée d’extinction. Dans cette vidéo tournée à Dieulefit en Drôme provençale, une étude entomologique a été demandée par le « chargé de mission environnement » de la commune au sein de l’Espace naturel sensible (ENS) de la Montagne Saint-Maurice. Une entomologiste d’un bureau d’étude indépendant a mené l’inventaire, un individu d’Hespérie de la ballote a alors été observé à l’entrée du camping installé à proximité de l’ENS. Cette espèce très rare dans le département a alors pu bénéficier d’une étude précise pour déterminer ses habitats favorables dans le périmètre des communes limitrophes. Les responsables du camping ont donc été sensibilisés à la présence de l’espèce et des panneaux d’information à destination des vacanciers ont été réalisés. La gestion des pelouses sèches a pu être adaptée, les pieds de Marrube blanc sont épargnés de la fauche pour permettre aux papillons de réaliser leur cycle de reproduction sur le site. Toutes les étapes de cette démarche sont décrites dans la vidéo.

Le Cuivré de la bistorte

Peu répandu en France, le Cuivré de la bistorte est une espèce de papillon spécialiste des zones humides montagnardes. Au sein des milieux ouverts humides d’altitude, la présence en abondance de la Renouée bistorte, plante-hôte des chenilles, est la première des conditions pour permettre à ce papillon de se reproduire. Les populations de ce Cuivré sont localisées et risquent donc de s’éteindre si ses habitats sont dégradés et si les paysages ou encore l’utilisation des sols ne permettent plus les échanges entre les différentes sous-populations. Les populations sont également menacées par l’assèchement des zones humides. Reconnus d’intérêt communautaire par la directive européenne « habitats-faune-flore », ce petit papillon et son habitat sont strictement protégés sur le territoire français. À travers cette vidéo, une entomologiste du Conservatoire botanique de Franche-Comté - Observatoire régional des invertébrés (CBNFC-ORI) nous présente ses missions et l’écologie du papillon. Elle réalise, avec ses collègues, un bilan stationnel du Cuivré de la bistorte, ce qui consiste à vérifier la présence et l’abondance de l’espèce mais également à recenser si des dégradations sont observées sur site. Ils transmettent les résultats aux gestionnaires pour que ceux-ci mettent en œuvre des actions adaptées et favorables à la préservation des populations du papillon. Une chargée de mission gestionnaire du site Natura 2000 de la vallée du Drugeon, décrit toutes les actions de restauration et d’entretien qui ont été mises en œuvre sur les sites Natura 2000 qu’elle a en charge. Elle met en place des conventions avec des agriculteurs, ceux-ci conduisent alors l’exploitation de leurs terrains en concertation et en accord avec les exigences écologique du Cuivré. Ils mettent en place un pâturage extensif, une fauche tardive, une gestion appropriée de la végétation. La gestionnaire explique comment un milieu humide peut être restauré pour maintenir un niveau d’eau permanent dans les secteurs tourbeux. Ces actions de restauration de zones humides s’intégraient dans le cadre du programme européen « Life tourbières ».

L’Azuré des mouillères

L’Azuré des mouillères est un petit papillon bleu menacé la destruction de ses habitats naturels (pelouses calcicoles montagnardes, prairies humides) et par l’isolement de ses populations. En effet, les prairies dans lesquelles on trouve sa plante-hôte, la Gentiane pneumonanthe, sont devenues peu rentables pour l’agriculture moderne et se trouvent désormais dégradées par la conduite de pratiques agricoles intensives. Cet azuré était déjà concerné par un précédent Plan national d’actions visant la préservation des Maculinea. Des actions de conservation se poursuivent en sa faveur grâce aux acteurs sur le terrain. En Pays de Loire, l’espèce est particulièrement menacée du fait de l’extinction récente de populations locales provoquée par la fermeture des milieux favorables. Pour y remédier, le Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire a engagé des actions de restauration de zones humides en faveur de plusieurs espèces dont la Gentiane pneumonanthe. En réouvrant les milieux, les pieds de gentianes peuvent de nouveau pousser et offrent un support de ponte pour les femelles et de nourrissage pour les chenilles de l’Azuré des mouillères. Les travaux de restauration écologique réalisés en milieux tourbeux demandent des engins particuliers décrits dans la vidéo avec un respect strict des périodes de travaux pour ne pas dégrader outre mesure la biodiversité de ces milieux. Après la phase de restauration, la préservation des espèces se poursuit grâce à la mise en place d’une gestion conservatoire. Elle est réfléchie sur la base d’une connaissance fine des autres espèces fragiles, le tout en concertation avec les propriétaires des sites.